Chenille ou papillon ?

Ce que la chenille appelle « fin du monde », nous l’appelons « papillon ».

L’entreprise 3.0 (humaniste, libérante…) apparaît encore aujourd’hui à beaucoup de patrons et d’administrateurs comme « la fin du monde ». A l’inverse quand on travaille dans ces entreprises, on s’y sent léger comme un papillon. Pourquoi un tel écart ?

Le conflit des croyances : remettre en question ce que l’école, l’éducation, les écoles de gestion, les instances dirigeantes…. la vie en fait, nous ont appris est chose difficile et complexe. On nous a appris qu’une entreprise était cloisonnée en métiers et en services, qu’il fallait un chef pour que ça tourne, des objectifs et des encadrants pour que les « productifs » se motivent et bossent, et on nous dit maintenant que tout ça ne fonctionne plus, qu’il faut laisser de l’autonomie au terrain et décloisonner, rendre les salariés « heureux » etc.

Avouez que ça décoiffe un peu et admettez que ça demande du temps et des remises en question profondes pour passer de chenille à papillon. Beaucoup de changements de paradigmes derrière ce passage, du regard sur les salariés (Théorie X et Y de Mc Gregor), à l’exercice du pouvoir, aux mécanismes de la motivation (travaux de B. Frey ou Deci & Ryan), au sens du travail, au bien-être facteur de performance.

Alors on est tenté de conserver le système en place (finalement il ne fonctionne pas si mal…même si on voit des traces de rouille sur la coque) et de chercher à l’améliorer en y introduisant quelques concepts à la mode : un CHO (Chief Happiness Officer) ? du mindfullness ? une charte des valeurs ? des ateliers de design thinking ?

Ah ! Ca ne se passe pas comme pas comme vous le pensiez ?

« Ce n’est pas en essayant d’améliorer la bougie qu’on a inventé l’électricité ». Appliquer quelques recettes des entreprises 3.0 ne donne pas un fonctionnement 3.0 et vient même parfois renforcer les paradoxes que vivent les salariés. Pour passer de chenille à papillon, l’entreprise doit se réinventer (cf Reinventing Organizations de F. Laloux) et se remettre profondément en question. Et « comme les escaliers se balaient en partant d’en haut » c’est aux dirigeants de donner l’exemple. D’ailleurs l’exemplarité est une des valeurs essentielles à faire vivre, avant même la confiance ou l’engagement.

« Si vos chaussures trop petites vous empêchent d’avancer, enlevez-les ! » nous dit le sage. Plus facile à dire qu’à faire : marcher pieds nus (métaphore du lâcher-prise) alors que tout le monde est chaussé vous fait craindre d’être pris pour un marginal ou un chamane. Le regard de la communauté, du monde économique et des dirigeants « sérieux », est difficile à soutenir quand on cherche à se distinguer. Je le constate souvent. Il est plus rassurant de penser « comme la majorité » selon le principe – admis mais faux – que si tout le monde pense ça c’est que c’est vrai ou au moins rassurant.

Par chance des pionniers ont ouvert la voie, et la presse et les réseaux s’en font de plus en plus l’écho. Ils se nomment Favi, Miche Hervé Thermique, Inov’On, Agesys … en France et d’autres, de plus en plus nombreux, leur emboîtent le pas, et parmi eux de grandes entreprises – Kiabi, Decathlon, Michelin, Maïf …. – ce qui interpelle le monde économique et a lancé un courant de « libération » dans plusieurs domaines, la banque par exemple avec BNP Paribas et la Société Générale.

Même un fond de pension comme Black Rock vient de déclarer qu’il lâcherait les entreprises qui ne s’intéresseraient pas à la diversité et à l’environnement.

Ces bonnes nouvelles vont certainement en encourager d’autres à passer de chenille à papillon. La chenille tisse sa chrysalide dans laquelle elle s’enferme avant d’en sortir papillon.

Mais que se passe-t-il dans la chrysalide ?

Remettre l’humain au cœur de l’entreprise : c’est le cœur de la transformation et il exige une réelle volonté de son dirigeant, une vision partagée, des moyens et du temps, le temps de la transformation qui n’est pas celui du monde actuel.

Abandonner la gestion du certain par les chiffres, pour des chiffres, et revenir au management de l’incertain par et pour les hommes (JZ Zobrist)?

 

Les dirigeants comprennent aujourd’hui que la « fin du monde « ce n’est pas "l’entreprise libérée » avec la vision épidermique que ça va être le foutoir et la contre-performance, mais bien la crispation sur l’entreprise 1.0 - hiérarchique, contrôlée - pour aborder le monde de demain. L’entreprise ne peut produire l’agilité, la créativité, la réactivité, l’attractivité dont elle a besoin pour sa survie, que si elle transforme en profondeur son organisation, son mode de fonctionnement, son management et les relations entre les hommes.

Chaque entreprise doit inventer son modèle, sans essayer de copier les autres ni essayer d’améliorer l’existant. « La logique vous mènera du point A au Point B, l’imagination vous mènera partout ». A. Einstein.

Des outils existent, comme le U d’Otto Scharmer, qui permettent de faire émerger l’avenir sans passer par l’extrapolation du passé, d’inventer l’entreprise qui répondra le mieux aux attentes de ses parties prenantes, de privilégier le collectif à l’individuel. « On se prend souvent pour quelqu'un, alors qu'au fond, on est plusieurs" Raymond Devos.

 

Alors chenille ou papillon ?

Bernard Rohmer

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