Renault en route vers un management humaniste ?

La nomination de Jean-Dominique Senard DG de Michelin comme PDG de Renault - https://www.challenges.fr/entreprise/qui-est-jean-dominique-senard-nomme-ce-jeudi-chez-renault_638034 - est-elle plus le fait qu’il vienne du milieu automobile que du fait qu’il soit réputé pour sa fibre sociale ? L’avenir nous le dira mais on peut raisonnablement et optimistement penser que l’orientation sociale du management chez Renault, venant après le mode de direction taylorien de Carlos Ghosn, soit une volonté de l’entreprise et de ses actionnaires, au premier rang desquels l’Etat (à hauteur de 15% comme Nissan). 

Nous optons résolument pour voir cette nomination comme le signe fort d’une transition vers un management humaniste dans l’industrie ? Ce qui est certain c’est que Jean-Dominique Senard n’est pas homme à s’assoir sur ses valeurs et ses convictions face à la pression de l’actionnaire, comme il l’a montré chez Michelin en mettant deux fois sa démission dans la balance quand l’actionnaire familial a voulu lui imposer des orientations contraires à son éthique sociale.

Jean-Dominique Senard a profondément orienté l’organisation et le management, avec le DRH Bertrand Ballarin, vers ce que Michelin a appelé le management autonome de la performance et du progrès (Mapp). D’abord expérimenté dans des ateliers pilotes volontaires dans chaque pays où Michelin est présent  (exemple des sites de Blavozy  et Hombourg ), puis, devant les bons résultats et l’enthousiasme des salariés, déployé dans tous les ateliers volontaires. Aujourd’hui l’auto-organisation en ateliers se répand viralement, avec des résultats reconnus par tous ceux qui l’ont mis en place.

Plusieurs signaux forts sont apparus récemment qui font penser que le courant du management humaniste, celui qui place l’humain au cœur de l’activité plutôt que les chiffres, est en passe de révolutionner la gouvernance de l’entreprise :

  • des personnalités engagées comme Jean-Dominique Sénard, Emmanuel Faber, Pascal Demurger et des dizaines d’autres dont les expériences et les messages sont de plus en plus écoutés et scrutés,
  • l’arrivée de la loi PACTE qui crée une nouvelle forme de société, la société à missions qui semble plaire aux patrons qui souhaitant allier mission sociétale et rentabilité,
  • le développement rapide des modes de management collaboratifs favorisant le développement d’un dialogue interne et de l’intelligence collective dans l’entreprise, portés par plusieurs courants comme le lean, la sociodynamique, la spirale dynamique, l’organisation apprenante, la gouvernance partagée, les réseaux apprenants, le codéveloppement…
  • le challenge auquel de plus en plus d’entreprises sont confrontées de présenter un visage attractif pour les jeunes générations, pressés de trouver un sens et une raison d’être à leur métier.

Ne nous leurrons pas, le management hiérarchique du type Commande & Contrôle a encore de beaux jours devant lui parce qu’il est perçu par bon nombre de dirigeants comme rassurant. Il permet de garder l’œil et le contrôle sur tout, de se rassurer sur sa propre indispensabilité, d’être plus rapide dans les changements de direction à 90° imposés etc.

Mais face à un environnement de plus en plus VUCA (Volatility, Uncertaintity, Complexity, Ambiguity), et l’agitation sociale de ces derniers mois laisse présager de profondes mutations sociétales, cette rigidité génère de plus en plus d’effets collatéraux dont certains peuvent s’avérer handicapants voire mortels comme la démotivation, la fuite des compétences, le manque d’intelligence collective et de créativité, la résistance passive, le temps perdu en reporting et contrôles improductifs … j’arrête là la liste.

L’arrivée de Jean-Dominique Sémard à la gouvernance de Renault aura-t-elle un effet d’entraînement ou même de basculement vers une entreprise plus humaine, celle qui place l’homme au cœur de son organisation et de son fonctionnement, et la seule à même de renouer le lien entre l’entreprise et les citoyens et de faire face collectivement aux nouveaux défis qui s’annoncent ; je ne citerais ici que l’urgence climatique ?

Nous accompagnons les organisations dans leurs projets de transition managériale et nous percevons les signes d’un questionnement montant sur les représentations historiques de la gouvernance et du management de la part des patrons et des managers eux-mêmes. Deux études récentes montrent que le métier de manager n’attire plus (Métiers), alors ne serait-il pas venu le temps de la transition managériale ?

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